Encore une fois laissons la parole à Laetitia pour nous raconter la fin du chantier:
Le périple solidaire s achève....Voici venu le dernier jour, demain ce sera l'avion et le retour en Europe....
Le chantier s'est terminé pour notre partie vendredi ; aujourd hui seuls les volontaires y sont retournés. Les murs des sanitaires sont montés, les enduits intérieurs/extérieurs faits, les peintures finalisées ce matin. D'autres travaux annexes et non prévus au programme ont également permis d'améliorer la propreté et le confort du site de ce centre d'accueil pour enfants handicapés.
Avec le recul il est manifeste que c'est l'adaptation à un système organisationnel et matériel local qui s'est montré la gageure la plus difficile à relever. Les élèves ont du courir de multiples défis (coffrer avec des planches non adaptées dans des systèmes de rafistolages parfois bancals, passer son temps à réutiliser des clous tordus donc détordre les clous encore et encore, trouver sa place sur le chantier quand le maçon local se lance dans des tâches inopinées qui défaussent légèrement les programmes attendus, attendre les matériaux livrés au compte goutte, gérer la promiscuité sur le chantier ; mais où est la place de moi et celle de l'autre ??..), en somme de nombreuses problématiques qui pourraient aider nos enfants à grandir et relativiser probablement.
Cet après-midi, c'est l'inauguration. Les enfants du centre et leurs parents seront là, la team française, Annick y René de l'association Solidaire, des représentants de la municipalité de Sebaco également ainsi que les membres du Secours Populaire de l'Ardèche, qui n'ont jamais hésité à nous soutenir dans nos efforts, et surtout penser avant tout aux populations locales avec la volonté d'améliorer sans conteste le quotidien de ces familles.
Même si le chantier n'est pas finalisé car il reste encore la pose des sanitaires, des portes et certains travaux de propreté, les premières Bac Pro Maçon de Chomérac se sont donnés à fond tout au long du séjour et peuvent repartir très fiers d avoir bâti à leur niveau le ciment de la solidarité internationale. Ils ont beaucoup donné de leurs efforts et de leurs conforts pour s'immerger au coeur d'un système en opposition totale avec ce qu'ils connaissent.
Maintenant ils ont envie de rentrer chez eux, de connaître les joies de la douche bien alimentée, retrouver la douceur de leur petit lit frais, le tout sans insectes, sans moustiques, sans bruit. Et même les dortoirs de Chomérac leur paraîtront dès lors dignes d'un hôtel 4 étoiles aseptisé....
Cependant, il y a aussi la nostalgie, celles de laisser derrière des populations avec lesquelles on a noué des liens, des amitiés, celle avec lesquelles on a partagé des chansons et des fiestas vivantes, les mama qui les ont dorlotés et les histoires compliquées qu on leur a racontées. Des parcours de vie pas facile pour des jeunes et des moins jeunes qui n ont pas grand choix, il faut bien vivre aussi au Nica. Cela fera écho plus tard, les informations nationales et internationales devraient aussi être mieux entendues, éclairées sous le prisme de la diversité et des inégalités, des contextes locaux dont ils ont été témoins. Certains souhaitent à leur tour générer l'échange et accueillir chez eux des amis qui resteront lointains. Facebook va chauffer !!
Quant au week end, comme prévu nous sommes retournés au Pacifique, sur des plages immenses et plus sauvages. On a pu observer la mangrove et sa biodiversité bien que celle-ci soit plus appauvrie suite à des ravages climatiques. Il y 5 ans existait davantage de diversité. Certains ont quand même pu croiser des crocodiles, des oiseaux tropicaux, quand d'autres ont aperçu en bord de plage une tortue qui retournait rapidement à l' eau. Les pécheurs leur ont expliqué qu'elle était venue déposer ses oeufs dans le sable. Il existe d ailleurs dans un endroit plus reculé, un "vivero" où les oeufs de tortue sont protégés tout au long de leur maturation puis, une fois éclos, relâchés dans l'eau. Il est necessaire de se préoccuper de ces espèces longtemps chassées ou piégées dans les filets des locaux. Aujourd hui, le Nica tente de mettre en place une vraie politique de défense des milieux et des espèces naturels, notamment tout au long de la côte Pacifique.
Les jeunes en ont profité pour faire le plein de rigolades à gros rouleaux. Débrouillards et attentifs, ils ont rapidement compris le système de baignade dans la Pacifique. Pas de prise de risques et beaucoup d'amusements, des soirées sur la plage à regarder les étoiles dans des ciels purs et constellés de comètes, du repos dans des hamacs chaloupés par le vent, du poisson frais à volonté, bref des moments que l'on ne consomme pas assez...
Les derniers cadeaux sont faits, les valises entrain de se boucler, et la soirée d'adieu en maturation ; quels seront les symboles d'amitiés déposés ce soir ici par nos jeunes ?? Chacun réfléchit à son idée....